Un peu d’histoire : un patrimoine naturel modelé par les hommes…
Bien hardi serait celui qui situerait avec exactitude la première occupation des coteaux calcaires par les hommes. Certaines traces situent celle-ci avant l’époque romaine.
Autrefois couverts de forêts, c’est tout d’abord pour les besoins de la construction et pour le bois de chauffage que l’homme est intervenu sur ces versants abrupts. Les terres les plus favorables ainsi déboisées sont consacrées à l’agriculture, la vigne et les vergers. Les terres les moins accessibles et les plus pauvres servent de vaines pâtures pour quelques moutons et quelques chèvres.
Le mouton est, avec la chèvre, l’animal domestique le plus anciennement utilisé par l’homme. Offrant viande et laine, il s'accommode en outre des terres arides ou des pâtures ingrates.
Dès le Moyen Age, les déboisements se sont pratiqués de manière plus intensive. A cette époque, l’élevage ovin et caprin jouait un grand rôle. Bêtes sur pied, cuirs et fromages figuraient fréquemment comme redevances seigneuriales.
Tranche de vie…
Les modes de gestion du pâturage ont évolué avec le temps mais les moutons et les chèvres ont continué à parcourir les coteaux jusqu’au début du 20e siècle. Dans la plupart des villages, un berger commun,
le herdier, rassemblait les quelques animaux domestiques que possédait chaque famille. Les troupeaux importants étaient relativement rares. Le herdier était rétribué par la communauté pour faire paître les animaux du village, en assurer la garde et l’itinérance au cours de la journée… Au milieu du 19e siècle, cette pratique du pâturage des versants calcaires était encore très répandue.
Très tôt le matin, le herdier cornait dans sa trompette en fer et les villageois lâchaient alors leurs bêtes pour qu’il les mène paître pendant toute la journée. Il quittait le village et menait le troupeau vers ces terres vaines et vagues où les animaux pouvaient brouter en toute quiétude. A midi, le herdier descendait des versants et amenait les bêtes s’abreuver et faire la sieste en bordure de la rivière. L’après-midi se passait de nouveau sur les pelouses pentues. Le retour au village se faisait à une heure précise au son de la trompette pour que les habitants viennent récupérer leurs animaux.
A cette époque, que l’on soit en vallée de Meuse, du Geer, du Hoyoux ou de l’Ourthe, les moutons et les chèvres se retrouvent sur tous les versants calcaires. Il reste peu de place pour les arbres et les buissons. Les coteaux sont pelés et la végétation très particulière des pelouses sèches s’est bien développée.
Dans nos régions, les pratiques de pâturage ont encore perduré localement jusqu’après la Deuxième Guerre Mondiale. Les derniers bergers ont rangé leur houlette dans les années 50.